Les réseaux hertziens de la télévision bientôt au secours des réseaux Internet ?

L’Atelier BNP-Paribas a publié, le 28 août, sous la plume de Renaud Edouard-Baraud, un article intitulé énigmatiquement "La vraie tablette TV".

Ce court article évoque en fait, les premiers essais, au Japon, de l’exploitation des réseaux hertziens de la télévision analogique pour les connexions Internet.
Le National Institute of Information and Communications Technology (NICT — Institut national de l’information et des technologies de communication) du Japon vient en effet de présenter "la première tablette portable sous Android qui permet une communication radio dans les fréquences TV".
Ce matériel est en effet capable de se connecter soit sur les réseaux WiFi, soit sur les réseaux hertziens classiques de la télévision nippone, sans interférer sur les programmes de celle-ci.

Le progrès technique : un éternel recommencement ?

Le procédé qui donc squatterait une petite partie des fréquences de la télévision hertzienne, n’est pas sans rappeler les toutes premières applications de la télématique française.
La télématique française s’est glorieusement illustrée à partir de juin 1981 dans le programme Télétel, avec l’ouverture du SAT (Service d’accès Télétel) permettant la connexion de plusieurs millions — dans sa période otpimale — de Minitels, ou de terminaux assimilés. Mais avant cette innovation, la télématique française avait déjà développé un proccédé de "vidéotexte diffusé" et non interactif comme Télétel. Le service s’est malencontreusement* appelé Antiope. On parlait alors de "magazines Antiope" — aujourd'hui de "magazines télétexte" — et ceux-ci étaient diffusés via le signal hertzien de la télévision analogique de l’époque, exploitation les quelques lignes** du signal non utilisées par les émissions.
Vu la légèreté des pages diffusées, elles passaient très facilement via ce canal sans perturber les émissions de télévision.
Indiquons encore que le sous-titrage des émissions de télévision pour les malentendants a longtemps été diffusé selon ce procédé, tant que la télévision diffusée était analogique, et que les grandes chaînes de télévision diffusent encore des magazines télétextes, lisibles sur la plupart des téléviseurs.

Comme on le voit, le progrès semble un éternel recommencement… Ce qui bien sûr ne signifie pas qu’on ne progresse pas mais qu’on repasse, assez logiquement, par des phases d’applications techniques qui se retrouvent.

Vers la réutilisation des fréquences hertziennes libérées

L’article rappelle également que, avec l’abandon des fréquences hertziennes par la télévision depuis la généralisation — dans certains pays du moins dont la France — de la télévision numérique terrestre (TNT), la réutilisation de ces fréquences désertées est à l’étude dans certains pays dont les États-Unis et la Grande-Bretagne. La France y est allé de son Schéma national de réutilisation des fréquences libérées par l'arrêt de la diffusion analogique, approuvé par le gouvernement français par arrêté du 22 décembre 2008.

* Malencontreusement : Antiope était également la norme d’affichage du vidéotexte français, diffusé ou interactif (développé du sigle : Acquisition numérique et télévisualisée d’images organisées en pages d’écriture).
** Rappelons-nous que la première chaîne de télévision affichait une image constituée de 625 lignes de points, alors qu'à partir de la 2ème chaîne, on est passé à 819 lignes. Sur l’ensemble de ces lignes, deux n’étaient par utilisées par l’émission. C’est dans ces lignes que furent diffusées, en parallèle des émissions, les signaux Antiope.

En savoir plus

L’article de Renaud Édouard-Baraud sur le site de L’Atelier BNP-Paribas :
www.atelier.net/blog/2013/08/28/vraie-tablette-tv_423492

L’article très complet (en anglais) présentant la tablette et l’utilisation des réseaux hertziens sur le site du NICT japonais : "World’s First Portable Tablet Terminal in TV White-space" :
www.nict.go.jp/en/press/2013/08/28-1.html

Voir l’Arrêté du 22 décembre 2008 approuvant le schéma national de réutilisation des fréquences libérées par l'arrêt de la diffusion analogique sur Légifrance :
www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000019981950

Didier FROCHOT