Les courriels seraient chronophages en entreprise

Une actualité sur le site PC Impact du 8 février dernier, sous la plume de Ny Sanias relaie un communiqué d'Atos et affirme "Les emails sont chronophages : Atos compte les supprimer d'ici 3 ans".

On n'aura décidément jamais la paix au bureau...

Il est bien connu que le téléphone est la plaie des bureaux depuis la moitié du 20è siècle. Des études montrent qu'un cadre ne peut rester en moyenne plus de 12 minutes sans être dérangé (collègues, téléphone).

La solution vertueuse, qui a fait le succès des courriels, était qu'au moins ceux-ci ne dé-rangent pas puisqu'on peut s'y consacrer à un moment choisi. Ces messages présentaient donc presque toutes les vertus dont l'appel téléphonique était dépourvu : laisse une trace, peut être consulté et/ou créé au moment qui convient le mieux, ne coûte rien.

Voici que cette fois, c'est ce moyen de communication se trouve sur la sellette de la productivité des cadres qui passeraient trop de temps à consulter leurs messages. D'où la solution radicale envisagée par Atos.

D'autres avis sur le sujet font état d'un déport d'usage sur les réseaux sociaux (d'entreprises, bien sûr). Mais ceux-ci doivent encore, de notre point de vue, faire la preuve de leur réelle utilité. Contribuer sur un réseau social d'entreprise demande avant tout la volonté de partager et du doigté diplomatique pour ne froisser personne. On retrouve, au passage, sous une autre technique, les listes de discussion qui s'appuyaient sur les courriels.

À quand les réseaux sociaux chronophages ?

Et gageons que lorsque les réseaux sociaux d'entreprises connaîtront leur plein succès, tout le monde se plaindra de passer trop de temps à y participer.

De la méthode avant tout

Comme en toute chose, il faut savoir raison garder. Supprimer radicalement le courriel nous paraît relever de l'utopie ou de la pensée conceptuelle bien française qui fait qu'on bascule globalement et brutalement d'une mode à une autre. Un certain pragmatisme à l'anglo-saxonne ne mésiérait point à nos gestionnaires d'entreprises... Et surtout, avant d'incriminer l'outil, se poser la question des usages, voire des comportements des usagers.

Cette question de l'engorgement de moyens de communication (sur le thème bien connu du "trop d'information tue l'information") se posera toujours avec n'importe quel médium, si on n'y interpose pas la volonté humaine. Cette volonté en entreprise s'appelle notamment méthode.

Avec quelques méthodes pour se blinder, pour éviter avant tout de produire trop de courriels pour ne rien dire ou si peu, et pour éviter de se noyer sous des flots de messages reçus en les filtrant, les sélectionnant, en hiérarchisant leur lecture, il importe de travailler à en réduire le nombre et à en augmenter la pertinence.

On le voit, il s'agit à nouveau d'une question d'organisation du travail.

Bien choisir son médium

Il est vrai que la rédaction de courriels est souvent plus longue qu'un échange téléphonique. Dans la mesure où la communication doit être rapide et spontanée, le téléphone reste le moyen le plus rapide. Mais lorsqu'il s'agit de rendre compte de manière circonstanciée d'une situation (rapport sur un rendez-vous avec un client, compte rendu d'un entretien important...), le courriel permet de mieux mûrir son texte, et d'en garder trace pour la suite du travail.
Encore une fois, raison garder et bien choisir le meilleur canal de communication selon les cas.

L'actualité citée sur PC Impact :
www.pcinpact.com/actu/news/61809-emails-chronophages-atos-origin-thierry-breton.htm

Didier FROCHOT