La fin du répertoire historique Yahoo!

Signalé notamment par Olivier Andrieu sur son site Abondance, le répertoire historique du web vient de mettre définitivement la clé sous la porte.

Rappel historique

À l'attention des plus jeunes générations, rappelons quelques jalons historiques du Web.

Tout d'abord, contrairement à des idées reçues dues à de multiples amalgames et confusions, le Web n'est pas né de l'armée américaine en période de guerre froide. Ce qui est né à cette époque, ce sont les premiers jalons de la télématique avec l'essor des réseaux à commutation de paquets. Mais de ces réseaux au Web, il y a bien des étapes techniques et historiques qu'il serait un jour intéressant de retracer.

En peu de mots, le Web naît publiquement en 1993, des suites de la mise au point, au Cern à Genève, de la norme de description de documents HTML conçue par le britannique Tim Berners Lee et le Belge Robert Cailliau. Tim Berners Lee va trouver le nom de World Wide Web pour désigner l'immense hyper-document mondial que va constituer l'ensemble des sites à la norme HTML (bientôt nommés sites web) reliés entre eux grâce aux liens hypertextes consubtantiels à la norme en question (hypertext markup language).

S'y retrouver dans une immense bibliothèque mondiale non classée

Dès que les premières centaines de sites vont se trouver en ligne en 1993, la question va se poser de savoir comment s'y retrouver dans cet océan d'informations. Un bibliothécaire américain comparera cette situation à une immense bibliothèque mondiale dont les livres seraient placés à même le sol sans classement...
Deux approches vont se concurrencer un temps.

La technique du répertoire : le repérage manuel et humain

D'un côté deux étudiants américains décident de suivre au jour le jour la naissance des sites et d'en tenir répertoire dans une base de données référençant, non les pages, mais les sites. Ainsi naît le premier répertoire ou annuaire de sites, d'autant plus célèbre qu'à mesure de sa popularité chaque éditeur de site fait en sorte de s'y déclarer.
L'outil devait avoir un nom : ce sera un sigle qui sonne comme un cri de guerre mais dont beaucoup ont oublié le développé : Yet Another Hierarchical Officious Oracle ou si l'on préfère Yahoo! (le point d'exclamation fait partie intégrante de la marque).

La technique de collecte automatisée des moteurs de recherche

L'approche alternative consistera à développer des logiciels chargés de scruter automatiquement le Web et à y collecter toutes les pages de tous les sites possibles et de stocker ces résultats sur d'énormes base de données en texte intégral pilotées par de puissants logiciels documentaires. Car au fond, les moteurs de recherchene sont que d'énormes logiciels documentaires.

Qui se souvient encore des premiers moteurs ? Car Avant Google, il y a avait une vie sur le Web ! Citons donc pour mémoire un des tout premiers moteurs : Altavista. Google quand à lui, naît plus tard, en juin 1998.

Yahoo! : du répertoire au moteur face à Google

De sorte que, historiquement, Yahoo! fut longtemps un répertoire, très vite associé à d'autres services comme les groupes de discussion, le mails gratuits, etc. Ce n'est que quelques années plus tard que Yahoo! va développer sa propre technologie de moteur de recherche pour concurrencer Google, cependant que Google s'alliait au répertoire collaboratif DMoz pour concurrencer Yahoo!

On assistera ainsi pendant plusieurs années à une rivalité entre les deux géants, mais la guerre va surtout se placer sur le terrain des moteurs de recherche, les répertoires perdant de plus en plus de leur importance dans la stratégie des deux colosses du Web de l'époque.

Vint donc le moment où les répertoires des deux moteurs devaient disparaître, au moins dans leurs versions étrangères, notamment française (voir notamment l'actualité de Fabrice Molinaro du 8 mars 2010 sur la disparition du répertoire de Yahoo! France et la nôtre du 27 juillet 2011 sur la fermeture de l'annuaire de Google).

La fin d'un monument historique

Mais le répertoire ou annuaire de Yahoo! était resté actif dans sa version internationale, c'est-à-dire aux États-Unis. Ce n'est plus le cas à ce jour et c'est donc une page de l'histoire du Web qui se tourne.
La firme Yahoo!, quant à elle, survit largement puisqu'elle a su prendre les bons tournants au bon moment, même si elle ne constitue pas le monstre aux 222 produits et services qu'est aujourd'hui Google.

En savoir plus

Voir l'article d'Olivier Andrieu sur son site Abondance précité, en date du 23 novembre :
www.abondance.com/actualites/20151123-15835-lannuaire-americain-de-yahoo-est-officiellement-mort.html
Et l'actualité de source américaine, sur Search Engine Land, qu'il relaie :
http://searchengineland.com/the-yahoo-directory-is-finally-absolutely-dead-236663

Voir l'article de Fabrice Molinaro qui expliquait en janvier 2007 le fonctionnement des répertoires ou annuaires.
Ainsi que le tag répertoires (web) sur les actualités de notre site, qui illustre le fait que si les grands répertoires universels ont vécu, des annuaires ou répertoires thématiques demeurent dans beaucoup de domaines.

Voir les 222 produits et services de Google sur le site Webrankinfo qui en tient la liste à jour depuis des années (le nombre change donc régulièrement) :
www.webrankinfo.com/google/produits.php

Didier FROCHOT