Le site de l'ADIRA (Agence de développement économique du Bas-Rhin), a publié le 21 mai dernier un entretien avec Fabrice Molinaro, cogérant de la société Les Infostratèges, à l'occasion de la sortie de l'ouvrage dédié à l'e-réputation (encore nommée cyber-réputation, web-réputation ou réputation numérique) de l'élu local.
L'ADIRA accompagne les entreprises et les collectivités bas-rhinoises dans leurs projets de développement économique. Association de droit local, sur le terrain depuis 60 ans, elle compte parmi ses membres les principales forces économiques, politiques et sociales de la région.
En guise d'introduction, il est précisé que l'élu local est aujourd'hui, de plus en plus, exposé dans les médias. Il lui est désormais impératif de maîtriser sa communication sur Internet et d'y suivre l'évolution de sa réputation.
Voici l'intégralité de cet entretien :
Quels sont les risques pour un élu d'être ou de ne pas être visible sur le web ?
Fabrice Molinaro : Aujourd’hui, une communication maîtrisée sur le réseau Internet apparaît comme un élément indispensable dans le travail effectué par l’élu local. Mais ce constat concerne également les entreprises, les marques ou encore les personnalités.
En effet, il ne faut pas oublier que le grand public s’informe de plus en plus sur le Web. Les médias dits classiques (télévisions, radios, journaux papier) ne sont plus les seuls vecteurs d’information. L’internaute a tendance aujourd’hui à se tourner de plus en plus, à la fois vers des médias alternatifs (blogs, réseaux sociaux, etc.) tout en vérifiant, si possible, l’information à la source. Ainsi, un élu qui dispose de son blog officiel pourra établir une sorte de lien privilégié avec ses lecteurs en communiquant sur son action et ses projets. Ses partisans pourront alors se transformer en ambassadeurs de l’élu en diffusant largement sur le Net ses prises de position afin de mieux faire connaître ses contributions à la vie de la Cité.
Avec le Web 2.0, chaque internaute peut aujourd’hui se transformer en média-acteur. Celui-ci peut gérer un blog, une plateforme de partage vidéo, dialoguer sur des forums de discussion ou encore disposer d’un compte Twitter populaire qui lui permet de diffuser de l’information en temps réel. Ce type d’internaute est un soutien ou un danger en puissance, car il peut participer à la construction ou à la destruction d’une bonne réputation sur le Net. C’est bien la raison pour laquelle l’élu ne peut pas prendre le risque de ne pas être visible sur le réseau. En disposant de ses supports de communication officiel, l’élu aura plus de chance de contrecarrer une éventuelle attaque médiatique.
A contrario, être visible sur le Net peut comporter certains risques. On n’improvise pas une stratégie de communication sur le Web. Il faut bien connaître les outils, leurs codes et modes de fonctionnement. Il est donc important de s’entourer d’une équipe de communication qui maîtrise les nouvelles technologies de l’information. Ne pas oublier qu’une simple « boulette » peut rapidement se transformer en buzz relayé, en quelques heures, par des milliers de personnes sur le Net. Pour exemple, Ségolène Royal a été – en 2009 - la risée de certains internautes suite au lancement de son nouveau site desirsdavenir.com. Très mal conçu et correspondant aux canons esthétiques des sites des années 90, certains se sont demandés s'il ne s'agissait pas d'un bug ou d'une blague. Même Rue89 a cru qu'il s'agissait d'un hacking du site... Plus récemment, lors des dernières élections régionales, l'UMP proposait sur son site d’entrer le nom et l’adresse électronique d’un ami, de télécharger sa photo pour ensuite générer un lien proposant de visionner une vidéo personnalisée. Cette dernière mettait en scène Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, appelant en plein meeting votre ami à « se mobiliser » pour aller voter pour l’UMP. Les responsables de la communication web de l'UMP ont vite été débordés et de nombreuses vidéos pastiches ont été créées pour se moquer du parti présidentiel.
Comment agir pour maîtriser son image sur internet en tant qu'élu ?
Fabrice Molinaro : Avant de mettre au point sa stratégie de communication sur le réseau, il semble indispensable d’établir un audit d’image sur le Net. Cela permet de savoir ce qui se dit sur soi, en positif et en négatif, et de réfléchir ensuite au meilleur moyen d’améliorer ou de redresser son e-réputation.
Puis, la mise en place d’un véritable suivi d’image va permettre de surveiller – en continu - la notoriété de l’élu local et de détecter au plus vite les éventuelles informations dénigrant son action et qui peuvent se retrouver dans les premiers résultats d’un moteur de recherche comme Google.
Pour maîtriser au mieux son image sur le Net, il faut – comme évoqué plus haut – occuper le terrain et donc disposer de supports de communication officiels. L’objectif reste aussi de mettre en place une communication ciblée en direction de relais d’information considérés comme pertinents dans son domaine d’intervention (médias classiques, blogs, forums, réseaux sociaux, etc.). Car il ne suffit pas de communiquer sur son blog. Encore faut-il le faire savoir auprès de journalistes et d’internautes susceptibles de populariser son action – et ses outils de communication - en relayant vos annonces.
Enfin, en cas de crise médiatique (campagne de diffamation, dénigrement, rumeur, etc.), il est conseillé de faire appel à un prestataire en e-réputation qui – en associant compétences technique et juridique – sera capable de réagir vite pour tenter de neutraliser l’information négative avant que celle-ci ne se propage comme une traînée de poudre sur le réseau Internet.
Source : www.adira.com/territoires/l-actu-des-territoires1/l-image-de-l-elu-local-sur-le-web.html
En savoir plus sur l'ouvrage : www.les-infostrateges.com/actu/1004952/e-reputation-suivre-soigner...
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