Le mensuel professionnel en ligne et gratuit
Sociétés de l'information a retranscrit et traduit, dans son numéro d'avril 2008, un entretien réalisé en 2002, à l'initiative de George Sadowski et Alan Greenberg, tous deux administrateurs de l'
Internet Society, avec Arthur C. Clarke, auteur de "
2001, Odyssée de l'espace", roman immortalisé par le chef d'œuvre cinématographique de Stanley Kubrick.
Site de Sociétés de l'information :
www.societesdelinformation.net/
L'abonnement est gratuit et donne accès au mensuel publié en pdf.
L'entretien en anglais est également disponible en vidéo sur
Youtube :
www.youtube.com/watch?v=fu_ZTJFcCZE
La traduction et la vidéo on été signalées sur la liste ADBS-Info dans un message qui rebondit à la gloire des documentalistes (message du 3 avril).
Arthur C. CLarke, décédé le 19 mars dernier à Colombo au Sri Lanka, où il résidait depuis plus de 40 ans, y évoquait ses fonctions d'écrivain futurologue, et à ce titre, son rapport à l'Internet et au web.
Il confie notamment que sa nouvelle "
Dial F for Frankenstein" a inspiré Tim Berners Lee pour la conception du Web, dont il se considère par conséquent — et par boutade — comme le parrain.
Le reste de l'entretien montre assez banalement comment un occidental basé dans un pays éloigné de la technologie peut garder le contact grâce au web et aux courriels.
L'entretien prend à nouveau du sens pour nous lorsque, Clarke reconnaissant qu'il est toujours difficile de trouver de l'info sur le net, l'un de ses interlocuteurs suggère qu'on aura toujours besoin de documentalistes (
librarians en anglais) : Clarke se rappelle alors que quelqu'un a écrit que les "
librarians" étaient "
la forme de vie la plus achevée" (
the highest form of life). Il ajoute que, certes, le nom et la fonction devront évoluer et il hasarde le terme de webmaster...
La traduction française pèche en cet instant, et nous recommandons d'aller voir la vidéo originale à 7'50'' du début.
Un tel témoignage nous paraît emblématique de la reconnaissance d'une profonde nécessité de mieux gérer l'information et même de développer des stratégies d'information. Plus que jamais, les
infostratèges — qui sont pour nous la fonction d'avenir de la société de l'information — sont annoncés par les penseurs les plus importants. À défaut d'affirmer que les
infostratèges sont la forme de vie la plus achevée, nous pensons plus modestement que les gestionnaires de l'information et de la connaissance sont la forme la plus achevée et la plus noble de la gestion des entreprises.
Le message sur ADBS-Info établit un lien nous semble-t-il trop rapide entre documentalistes et de véritables
infostratèges. On le voit, Clarke lui-même utilise le terme hésite et risque le terme de webmaster, qui correspond le plus souvent à une fonction technique et en rien à celle de management de l'information. Par-delà les termes, c'est bien d'une fonction intelligente qu'il est question, loin des outils techniques tout faits, loin du tout technologique déjà dénoncé par d'autres penseurs (voir notamment notre brève
du 18 février).
Élargissant son propos et s'appuyant sur d'autres articles parus dans
Sociétés de l'information, l'auteur du message souligne les limites des moteurs de recherche et la problématique persistante de l'indexation "intelligente" et celle de "
l'infobésité" dénoncée par Jean Michel. Nous serons totalement d'accord avec lui lorsqu'il affirme que le thésaurus semble avoir de beaux jours devant lui. Certes, mais peut-être pas pour l'usage limité qu'on lui assigne encore trop souvent dans les centres de doc...
L'avenir est aux nouvelles stratégies d'information, imaginées sur de nouveaux scénarios. Plus que jamais l'imagination, couplée à l'analyse fonctionnelle — elle aussi chère à Jean Michel —, sont au pouvoir pour mettre au jour des solutions innovantes.
L'important est que depuis l'émergence du Web 2.0, la fonction documentaire peut accéder sans connaissances exceptionnelles à des solutions techniques souples et gratuites qui peuvent à peu de frais devenir de puissantes solutions de gestion personnalisée de l'information. Les professionnels qui veulent s'en donner la peine peuvent devenir des forces de propositions techniques et intelligentes pour développer des véritables stratégies de l'information dans leurs entreprise.
Plutôt que de se lamenter sur la reconnaissance et l'image du métier, il suffit de se remonter les manches...