Tout le monde le sait, la presse écrite est en crise, surtout en France. Cet état de fait pousse très logiquement les éditeurs de presse soucieux de survivre à réduire leurs coûts de production. Parmi ces coûts, il y a bien sûr l'impression de la version papier, son transport, sa distribution et la liquidation des invendus... sans parler de l'aspect écologique plutôt contre-performant.
C'est pourquoi la tentation est grande de passer l'édition de presse au tout numérique.
Certains titres sautent déjà le pas
On se souvient que La Tribune a clôturé son édition papier fin janvier 2012 pour se maintenir sur le web (pour revenir à une version papier, mais hebdomadaire en mars 2012). Le célèbre magazine américain Newsweek vient d'annoncer que, après presque 80 ans d'existence sur le papier, il publierait son dernier numéro papier le 31 décembre prochain, passant au tout numérique à partir de 2013.
Une implantation croissante du numérique dans les habitudes culturelles
Certes, tous les publics ne sont pas encore prêts à franchir le pas. Il existe culturellement des freins au changement et nombreux sont encore les lecteurs qui apprécient de pouvoir acheter leur journal du matin paraissant la veille au soir en kiosque en sortant du travail.
Il existe aussi et encore pour un temps une certaine fracture numérique, qui relève autant du manque de moyens financiers pour s'équiper (couches de la population défavorisées qui n'ont pas même de connexion Internet chez elles) que du frein face à l'électronique, faute de formation à l'outil.
Mais cette fracture numérique tendra peu à peu à se résorber sous l'influence de deux phénomènes :
- Les générations montantes sont infiniment plus branchées sur les outils numériques : au bout d'un moment, toute le monde usera d'un ordinateur ou d'un smartphone comme d'un crayon et d'un papier pour les plus anciens ;
- Les moyens d'accès aux réseaux numériques (Internet, WiFi...) et sociaux en ligne (Facebook et autres) se démocratisent de plus en plus ; les coûts des abonnements baissent sans cesse.
Ajoutons à cela un certain poids sociétal : ne pas être connecté devient aujourd'hui inconcevable, voire dépassé, dans tous les milieux : on voit les grands-parents se doter d'un compte de courriel pour garder le contact avec leurs petits-enfants.
De sorte que tout concourt aujourd'hui à une accélération de l'équipement de tous en outils de communication numérique.
L'émergence du phénomène tablettes
Là-dessus se greffe l'émergence — pour ne pas dire l'invasion — des tablettes numériques, surfant elles aussi sur la réduction considérable des coûts et du prodigieux avantage de constituer des instruments nomades légers et pratiques (voir notre actualité du 28 août dernier sur La guerre des tablettes) permettant de consulter à la fois ses propres applications, mais aussi de surfer sur le net pratiquement de partout, pour peu qu'existe un point d'accès sans fil (WiFi), ce qui devient courant dans les zones urbanisées.
L'adaptation de la presse écrite
Le monde de la presse écrite a très vite compris l'intérêt de ces tablettes et nombreux sont les titres de presse qui ont développé, en marge de leur site web, une application dédiée aux outils mobiles : smartphones et tablettes.
Il existe aussi des applications qui permettent de sélectionner un choix de flux RSS de presse et de les lire sur sa tablette, application que nous nommerons agrégateurs d'actualité. De sorte que la tablette devient l'instrument unique de consultation de l'information, et de la presse, plus riche que la presse papier seule (possibilité d'insérer du son ou de la vidéo) et qui suit le lecteur partout où il se trouve.
Encore la convergence des technologies...
Nous l'avons souvent évoquée (voir notamment notre actualité du 12 avril dernier : Technologies de l'information : de la convergence à la confusion), cette convergence des technologies fait que ce sont les mêmes canaux d'accès et les mêmes appareils qui permettent de regarder des images, des vidéos, des films, d'écouter de la musique en très haute définition, de lire des ouvrages ou de travailler grâce à la bureautique.
Gageons que ce phénomène de convergence technologique pourrait entraîner à terme la convergence des organes de presse, l'exemple de BFM Business, qui se veut à la fois télévision, radio et média en ligne, constituant un avant-poste, de même que les rubriques écrites et les séquences vidéo disponibles sur le site de la radio France-Info.
En savoir plus
Lire « Newsweek » arrête son édition papier le 31 décembre et devient tout-numérique, de Delphine Cluny, en date du 18 octobre 2012, justement sur le site de La Tribune... :
www.latribune.fr/technos-medias/medias/20121018trib000725756/-newsweek-arrete-son-edition-papier-le-31...
Les Infostratèges préparent une publication sur les outils de veille et d'accès à l'information sur les tablettes numériques, à paraître prochainnement.