Deux articles récemment publiés sur le site de l'Atelier BNP-Paribas mettent l'accent sur l'importance et l'intérêt personnels de l'individu dans les outils collaboratifs et autres réseaux sociaux d'entreprise.
Nous ne souhaitons pas critiquer la pertinence de tels articles, mais il est pour le moins étonnant qu'il faille rappeler de telles évidences sociologiques et psychologiques.
Des solutions techniques miracle...
La psychologie sociale de base, surtout dans notre pays à l'esprit individualiste, montre que tout part, non du groupe, mais de l'individu. Il est donc évident que pour intéresser (pour ne pas dire appâter) un collaborateur dans une entreprise (nous insistons sur le terme collaborateur puisqu'il s'agit précisément de collaborer) il faut lui montrer que l'outil qu'on lui demande d'utiliser lui apporte quelque chose à lui avant tout. Il est évident que si l'outil collaboratif n'est vécu que comme un pensum auquel il est obligatoire de contribuer, mais que personne ne fournit d'information et d'éléments quelconque qui apporte au salarié, à quoi bon continuer ?
Mais voilà, trop d'entreprises pensent (si l'on ose dire à ce niveau) encore les outils collaboratifs avant tout comme des outils et non comme des vecteurs d'enrichissement personnel.
Où l'on revient à l'expression très sensée de Jean Michel (ancien président de l'ADBS (Association des professionnels de l'information et de la documentation) mais aussi de l'AFAV Association française de l'analyse de la valeur) que nous aimons citer tant elle est limpide et lapidaire : "la croyance aveugle en des solutions techniques miracle".
Beaucoup de dirigeants, influencés en cela par des informaticiens "orientés système" et non "orientés service" s'imaginent qu'il suffit d'implanter — naguère — un logiciel de groupware, aujourd'hui un portail collaboratif, un wiki ou autre outil de partage pour que la mayonnaise prenne, pour dire simplement les choses.
... Aux réalités humaines de terrain
Voici déjà une quinzaine d'années, Serge K. Levan, un des pionniers du groupware en France était intervenu dans une conférence sur le thème : "Le projet groupware, un projet de gestion avant tout". Il mettait ainsi l'accent sur la nécessité de penser le projet en termes de gestion humaine, bien plus qu'en termes d'investissement financier, matériel et logiciel.
Combien d'entreprises et de collectivités, faute d'avoir ainsi pensé leur projet n'ont pas échoué dans leur intranet, ou dans tout autre outil collaboratif ? Les exemples hélas, ne manquent pas...
Il est donc essentiel de repartir de la seule richesse vivante en entreprise, celle qui peut prospérer ou péricliter selon le style de management : les hommes. Jean Bodin, humaniste du 16ème siècle, considérait déjà qu' "Il n'est de richesse que d'hommes". Même si notre monde s'est technologisé depuis, il ne faut jamais perdre de vue que toute cette technique doit être au service de l'homme et non l'inverse. Et ce n'est pas qu'une question de bien pensance humaniste, puisqu'à la clé réside le succès ou le cuisant et coûteux échec du projet.
Les articles sur le site de L'Atelier BNP Paribas
Pour populariser le collaboratif, il faut d'abord penser bénéfice individuel, Renato Martinelli, 07 février 2012 :
www.atelier.net/trends/articles/populariser-collaboratif-faut-dabord-penser-benefice-individuel
Le succès d'un outil collaboratif tient à la place accordée à l'individu, article non signé, 17 février 2012 :
www.atelier.net/trends/articles/succes-dun-outil-collaboratif-tient-place-accordee-lindividu